Les dents de sagesse [Part I]

C'est sympa de se faire enlever les dents de sagesse. Surtout pour ceux qui ne craignent pas la douleur, qui n'aiment pas manger et qui adorent le sucré. Manque de bol je suis très chochotte, j'adore manger et je n'aime que le salé. Autant vous dire que cette opération et ce rétablissement ne vont pas être une partie de plaisir.

Mardi matin j'entre à la clinique. Déjà, première crasse : mon père ne m'avait pas réservé de chambre de type B : chambre individuelle avec TV et téléphone (40 € la nuit + coûts des communications téléphoniques). Vu que je n'avais pas pu manger, boire, fumer depuis la veille minuit, j'étais légèrement à cran. Alors imaginez donc ma réaction quand l'infirmière m'a dit que j'allais être dans une chambre double. J'avour, j'ai hésité longuement pour mon père : l'étrangler avec mes mains ou attendre d'être dans la chambre pour le défenestrer ? J'ai finalement opté pour la solution la plus pacifique : l'engueulade.
- "Ouais mais p*****, j't'avais dit de m'en prendre une de type B b***** ! Sans d******* tu fais c**** ! M**** ! ".
Devant ce flot de paroles à l'adresse de mon parternel, l'infirmière a sourit et m'a rassuré en me disant :
- "C'est promis, je vais essayer de vous trouver une chambre individuelle."
Rassurée, je me laisse mener à l'étage de ma chambre dans la main gauche ma télécommande et dans la droite, mon sac à main. En arrivant dans le couloir, une gentille infirmière m'informe qu'il faut que je patiente car un monsieur vient de libérer une chambre individuelle. HOURRAAAAAAAA !!! Je vais pouvoir mettre les chaînes de la TV quand je veux, mater le film de boules sur Canal, faire la conne dans ma chambre, pisser la porte ouverte et surtout... Ronfler ! Ah, la vie est belle, me dis-je.
Quinze minutes plus tard, je prends possession de mes appartements. Sympa ce petit 2 pièces de 15m² avec vue sur le collège d'en-face. Le lit est minuscule, le fauteuil pue, le frigo ne marche même pas, la chaise est bancale, le lino est moisi mais à part ça, il y a une TV... Agaaaaah...
L'infirmière me tire de ma rêverie en me déposant sur le lit une masse informe de couleur bleue.
- "Voilà, alors vous allez enfiler cette casaque OUVERTE DERRIERE (Elle me nargue ou quoi ?! Salope ! ) et mettre les petits chaussons. Ensuite, vous vous mettrez au lit."
Pour moi, no souçaille ! Par contre, pour mon père, c'est l'embarras total ! Peut-être comptait-il m'accompagner jusqu'en salle d'op ? Hé non papounet, tu dois partir car ta file va se dénuder. Je lui fais les dernières recommandations (tu donnes le n° de tél de la chambre aux copines et tu me ramènes des magazines Picsou.), il me demande si il doit me faire la bise (je suis tellement en manque de nicotine que je lui dis que je ne vais pas me faire opérer d'une tumeur et qu'on va se revoir dans la soirée) et il prend congé de la future charcutée.
Je me déshabille, j'enfile cette casaque OUVERTE DERRIERE et les petits chaussons, je me mets au lit et attends. J'attrappe la télécommande et commence à me délecter de M6 Kid quand une aide soignante (les aides soignantes ont une blouse de couleur verte) entre dans ma chambre avec une petite bassine pleine de papiers et aures tuyaux. Là, je me dis que c'est la fin, que je vais mourir. En effet, elle va me faire une perfusion.
- B... bonjour... *sourire forcé* C'est une perf, là ? *prie pour qu'elle me dise que non*
- Oui, c'en est une.
Mon corps se raidit. L'infirmière me rassure, me dit que ça va aller puis elle pique. J'ai un peu mal (pas beaucoup mais un peu quand même) mais elle me donne un antibiotique par intraveineuse. J'hésite à lui demander si les sachets de nicotine par perf ça existe mais un infirmier arrive et me coupe dans mon élan.
- Bonjour ! Vous venez s'il vous plait ?
Je me lève et grimpe sur sa table à repasser hideuse. Puis on part. Voyage charmant. On croise des infirmières, des aides soignantes, je dis bonjour à un papi qu'on croise (on est tous les 2 dans la même galère : il est sur une table comme la mienne) puis on arrive dans une salle. Une infirmière arrive avec une nouvelle table à roulettes, ma fait grimper dessus et m'emmène en salle de réveil. Là, je m'emmerde en pensant à mon taux de nicotine qui doit avoisiner le zéro puis un vilain monsieur qui ressemble à McGyver en blouse blanche vient, me fourre un tube dans le nez, m'asperge de produit et rigole en me disant que je vais sentir mon nez et mon arrière gorge comme du carton : c'est un anesthésique local. Je sens que je vais décéder pour la 2ème fois de la journée. Je m'étouffe avec le produit, il me donne envie de vomir, je ne sens plus ni mon nez ni ma gorge. Bon Dieu qu'il me tarde d'être endormie ! Puis quelques étouffements plus tard, McGyver vient me chercher tout sourire et me dit "on y va ! ".
Enfin... Ah... Je vais pouvoir aller redormir ! J'arrive en salle d'op. Brrr... Quel froid ! McGyver m'enlève l'antibiotique, fouette une infirmière avec au passage, se dispute un peu avec elle et cette dernière pique mon tuyeau de perf avec une seringue immense ! J'écoute vite fait ce qu'ils disent pis ça se met à tourner, comme quand j'avais 3 grammes aux férias cette année. L'infirmière fouettée me demande si ça va et je lui réponds que ça commence à tourner (mon Dieu, on dirait que je suis cuitée ! ) et elle me dit que maintenant, il faut se laisser aller. Ok, pas de souci ! Je ferme les yeux...

A suivre...

NathyZeStar